Quelques pistes :
1.Ce que l'on nomme communément la " crise asiatique " a effectivement débuté en juillet 1997 avec la dévaluation du baht thaïlandais, qui a entraîné la dévaluation en chaîne des autres devises de la région, mais les premiers signes de déséquilibre étaient apparus dès 1995.
Dès cette année-là en effet, le renchérissement du dollar, auquel sont liées la plupart des monnaies de la région, par rapport aux monnaies européennes et surtout japonaise, a brutalement affecté la compétitivité de ces pays. Ce phénomène a été aggravé par des tensions sur les prix de production, provoquant un accroissement du déficit des balances courantes. Il a ainsi fallu deux ans pour assister à une correction, d'autant plus brutale qu'elle était tardive. Cela montre combien, à ne considérer que les taux de croissance et le rendement des investissements, sans prendre en compte les données macroéconomiques fondamentales telles que le taux de change ou les comptes extérieurs, a pu se développer une myopie collective à l'égard de ces pays.
2. L'afflux important de capitaux à court terme vers cette zone a donné lieu à une croissance incontrôlée des crédits bancaires, du fait de la quasi absence de régulation interne des systèmes financiers, et à un emballement du crédit. Il en est résulté des phénomènes spéculatifs, de telle sorte que l'endettement extérieur et l'endettement privé interne étaient gagés sur des actifs et des marchés surévalués.
3. L'impact maximal du choc financier en Asie a été atteint vers le milieu de l'année 1998. La croissance de la zone devait ainsi être nulle en 1998 et repartir en 1999, et l'essentiel du choc de la crise des pays d'Asie serait absorbé en 1999 (indépendamment de ses conséquences sur d'autres zones émergentes et notamment l'Amérique latine) ; après 1999, la croissance des pays développés après 1999 serait donc peu affectée.
4. La crise des pays émergents a généré deux effets de sens contraire sur la croissance des principaux pays développés :
- - un effet favorable résultant du retour des capitaux sur les marchés des pays développés (" fuite vers la qualité ") et de la baisse des taux d'intérêt à long terme (de l'ordre d'un demi-point par rapport au printemps dernier) ;
- un effet défavorable sur le commerce extérieur, lié aux dévaluations des monnaies des pays émergents et à la contraction de leur demande interne. Les pays développés sont différemment exposés à cet impact commercial. Ainsi, les exportations vers les pays émergents touchés par la crise (Asie et Amérique latine) représentent 3,3 % du PIB japonais, 3,1 % du PIB des Etats-Unis et 2,2 % seulement du PIB de l'Union européenne.