le commerce mondial obeit il a la loi du plus fort?

mariemag

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salut,

j'ai un commentaire structuré en éco géné: Le commerrce mondial obeit il a la loi du plus fort?

Est ce que vous avez des idées de plan car je rame et je ne sais trop de quoi parler mis a part des zones de libres et de la triade?
j'attends votre aide!
Mariemag
 
Mondialisation et loi du plus fort

Compte-rendu de la conférence organisée par le Forum social marseillais, le mardi 14 janvier 2003, avec Bernard Cassen, président honoraire d’ATTAC.

POURQUOI GEORGES W. BUSH VEUT ABSOLUMENT LA GUERRE ?

L’administration états-unienne poursuit, sous G. Bush, des objectifs clairement exprimés dans un document officiel, publié le 17 septembre 2002, sous le titre « La stratégie de sécurité nationale des Etats-Unis d’Amérique » . Il est à noter que la doctrine exprimée dans ce document est une continuation de la doctrine élaborée sous les administrations précédentes, celle de Clinton notamment. Les trois objectifs majeurs de cette doctrine sont les suivants :

 assurer la suprématie militaire et stratégique totale des Etats-Unis à l’échelle de la planète,
 contrôler les ressources de pétrole mondiales,
 reconfigurer la mondialisation libérale au seul profit des Etats-Unis.

L’événement du 11 septembre 2001 est arrivé, dans cette politique à long terme, comme un formidable prétexte et accélérateur de la mise en œuvre de moyens (budgétaires, militaires, normes de sécurité, etc.) destinés à rendre possible cette politique.

La supériorité stratégique absolue des Etats-Unis.

Depuis la présidence Reagan (1981-1988) et le projet de « guerre des étoiles », l’objectif affiché de la politique militaire états-unienne (40% du budget militaire à l’échelle de la planète) est de faire des Etats-Unis un sanctuaire inviolable. La mise à mort du traité ABM (Anti-ballistic missiles) de 1971 par G. Bush, l’an dernier, et la reprise du projet de bouclier de missiles anti-missiles reprend les mêmes objectifs : assurer une bunkérisation du territoire états-unien, en permettant sa protection totale (et en ignorant désormais la notion d’allié, désormais inutile avec la fin de la guerre froide). Ce projet militaire suppose un gigantesque effort technologique et financier.

La deuxième priorité états-unienne est de consolider sa capacité de projection dans n’importe quel endroit du monde, dans un temps très court, pour garantir les intérêts stratégiques américains (investissements, approvisionnement en matières premières à un prix fixé par les Etats-Unis).

Ces deux objectifs impliquent une augmentation considérable du budget militaire (passé de 345 milliards de dollars dans le budget 2002 à 379 milliards sur le budget 2003 – soit une augmentation de 10% sur un an). Un des effets, et non des moindres, de cette injection financière de l’Etat dans l’économie, est de jouer un rôle de stabilisateur du marché financier : en garantissant sur le long terme aux entreprises américaines de la technologie et de l’armement des crédits de recherche et des marchés, l’Etat stabilise ainsi tout un pan de l’économie boursière, s’attirant la faveur du « marché ». En théorisant, comme le fait Rumsfeld, (NDLR : ex-employé de multinationales du pétrole et secrétaire d’Etat à la défense – c’est-à-dire ministre de la guerre) la « guerre sans limites » (sur 50 ans, puisque la définition nouvelle de guerre contre le terrorisme permet toutes les interprétations) et l’agression préventive, l’administration états-unienne se donne tous les droits sur le long terme, et pérennise le développement de son économie militaro-financière.

Cette supériorité militaire écrasante n’a plus besoin, comme il a déjà été mentionné, d’alliés ; elle a seulement besoin de soutien politique, d’où le développement d’une propagande sur le thème de la lutte au nom de la civilisation tout entière – ce qui n’est évidemment absolument pas le cas, car jamais, comme nous allons le voir, les intérêts états-uniens n’ont été à ce point jugés prioritaires et séparés de ceux du reste du monde.

La guerre pour le pétrole.

Les Etats-Unis disposent aujourd’hui, dans tous les domaines, d’une extraordinaire autonomie, et, plus encore d’une suprématie. Dans tous les domaines, sauf dans celui de l’énergie, seul facteur de dépendance des Etats-Unis par rapport au reste du monde. Et sans énergie, la croissance économique, le développement, le modèle économique américain ne tiennent plus. Aujourd’hui, la proportion du pétrole importé par les Etats-Unis par rapport au pétrole consommé est de 51% ; l’objectif est d’arriver d’ici à 2020 à un ratio de l’ordre de 60%. Il implique donc d’augmenter les importations, aussi bien pour préserver les ressources américaines que pour maintenir un prix du baril assez bas (le pétrole du Moyen-Orient est moins cher à extraire que le pétrole d’autres régions du monde). Il implique également de faire pression sur les producteurs pour qu’ils augmentent leur production (et donc, par exemple, de contrer toutes les mesures d’auto-limitation de production prises par l’OPEP, soit en agissant sur l’OPEP elle-même, soit sur chacun de ses pays membres, en signant des contrats bilatéraux type pétrole contre armement, en utilisant la corruption des dirigeants, en luttant contre la nationalisation par ces pays de leurs ressources pétrolières, en favorisant des coups d’Etat contre les dirigeants jugés trop peu dociles, comme lors du coup d’Etat du 11 avril 2002 au Venezuela).

Contrôler la production et les prix du pétrole n’est pas assez ; il faut aussi contrôler tous les flux pétroliers à l’échelle de la planète, pour des objectifs aussi stratégiques que, par exemple, le fait de disposer, d’ici à 2015, de moyens de pression non négligeables sur la grande puissance émergente, la Chine, qui sera, bientôt, l’autre grand consommateur mondial de pétrole et le concurrent économique direct des Etats-Unis. Le Proche-Orient contient aujourd’hui 65% des réserves prouvées de pétrole. L’Arabie Saoudite contient les premières réserves mondiales, mais ce régime est jugé peu fiable (liens avec le « terrorisme », problèmes de légitimité de la famille royale, pourtant armée par les Etats-Unis) et peu stable. Les deuxièmes réserves mondiales sont en Irak (Saddam Hussein et le parti Baas ont bien été aidés dans leur coup d’Etat par la CIA en 1968, mais depuis il y a eu certaines divergences entre le souverain mondial et son vassal – le même type de malentendu s’est produit plus récemment, entre les Etats-Unis et un autre agent de la CIA, devenu tristement célèbre, Oussama Ben Laden). Il existe aussi bien d’autres pays producteurs, dans le Caucase, en Colombie, au Venezuela, en Angola, etc. Mais toutes ces régions sont instables. D’où un lien avec la nécessaire puissance militaire. (NDLR : à moins que la puissance militaire soit un outil de création d’instabilité, et donc une manière de dicter sa politique et ses prix aux « pays aidés » par la puissance américaine).

Dans tous les cas, le contrôle des ressources, de leur prix, des régimes des pays producteurs est le seul moyen pour les Etats-Unis d’annuler leur seul facteur de vulnérabilité.

Une stratégie états-unienne globale dans le cadre de la mondialisation libérale.

« Globalization is us », comme le proclament les responsables financiers américains. Pour eux, il n’y a jamais eu le moindre doute à ce sujet : la globalisation des échanges financiers a été lancée par et pour les Etats-Unis, comme une stratégie de conquête des marchés des autres et de monopolisation des capitaux du monde entier. La « divine surprise » des marchés états-uniens, c’est la complicité des autres grands acteurs de l’économie-monde, l’Union Européenne et le Japon notamment, qui ont emboîté le pas à une politique globale de libéralisation – une libéralisation pour tous, sauf pour les Etats-Unis. Le cœur de la stratégie étasunienne est ici d’imposer au monde des normes de libéralisation, qui ne s’appliquent absolument pas aux Etats-Unis eux-mêmes, lorsque ceux-ci le décident. Ainsi, la section 301 de la loi sur le commerce laisse aux responsables américains le droit de mettre des taxes sur n’importe quel produit importé, pour peu qu’il soit jugé bon pour les intérêts états-uniens de le faire. De même, la loi d’Amato-Kennedy, signée en août 1996 par le président Clinton, permet des sanctions contre des entreprises du monde entier. Caricature de cet auto-asservissement européen aux objectifs de domination états-unienne, le débat autour du Foreign Sales Corporation Act : cette loi permet aux entreprises états-uniennes de domicilier leurs sièges sociaux dans des paradis fiscaux pour échapper aux taxations. L’affaire a été portée par l’Union Européenne devant l’Organisation Mondiale du Commerce, et les Etats-Unis ont été condamnés pour cette pratique assimilée à une forme de subvention illégale à l’exportation. Les Etats-Unis sont astreints à verser 4 milliards de dollars chaque année, depuis 1999, en compensation pour cette entorse aux règles du libre-échange. Mieux, l’Union Européenne est autorisée par l’O.M.C. à recouvrir ces sommes en imposant des droits de douanes, à concurrence de 4 milliards de dollars, sur des produits importés des Etats-Unis. Elle ne le fait pas. « Le libre-échange, c’est pour les autres, et quand c’est dans notre intérêt », pensent en substance les dirigeants états-uniens.

Dans la réalité donc, le dispositif protectionniste des Etats-Unis n’a jamais été démantelé, alors que bien des pays se soumettent à un diktat libéral imposé par les Etats-Unis pour asseoir la domination de ses transnationales. Si, aujourd’hui, les résultats catastrophiques de la mondialisation sont perçus partout, rien n’est fait pour corriger le tir : c’est que la prolifération des acteurs transnationaux (multinationales, groupes mafieux, sectes - et ONG ! !) et le refus de leur appliquer des lois communes, internationales, ne sont pas vraiment une « verrue » sur le système capitaliste, un défaut, mais bien plutôt un produit direct de la globalisation, et une nécessité du système capitaliste transnational. Dans ce contexte, le 11 septembre peut se lire comme l’irruption sur le sol des Etats-Unis du monstre créé par la globalisation, monstre qui atteint de manière criminelle, médiatique et spectaculaire les Etats-Unis eux-mêmes (NDLR : monstre déjà bien présent sous la forme, entre autres, de la misère des 40 millions d’Etats-Uniens condamnés à vivre sous le seuil de pauvreté – lire à ce sujet le livre passionnant d’Howard Zinn, Une histoire populaire des Etats-Unis, Marseille, éd. Agone, 2002).

Aujourd’hui, la défense des Etats-Unis, telle que ses dirigeants la conçoivent, passe par l’application aux autres de leurs normes, et plus seulement dans le domaine de la finance, mais également de la sécurité, du contrôle des circuits d’information (surtout Internet) : l’externalisation des normes états-uniennes explique qu’une banque française qui veut faire affaire avec une banque états-unienne doive fournir des informations jusque-là jugées confidentielles sur ses clients, et impose à ses propres partenaires financiers les mêmes exigences – c’est-à-dire qu’ils lui fournissent des informations sur ses propres clients (permettant aux Etats-Unis de disposer d’une base de données unique sur tous les flux financiers dans le monde) ; cette externalisation explique que dans les ports du monde entier où circulent des conteneurs, ce sont des agents de sécurité états-uniens qui décident quels conteneurs peuvent être expédiés aux Etats-Unis (ainsi, au port du Havre, ce sont des équipes états-uniennes qui contrôlent les marchandises).

Les Etats-Unis ne peuvent plus être accusés aujourd’hui d’impérialisme : la doctrine libérale et sécuritaire en place revendique d’être un impérialisme libéral, un impérialisme bienfaisant pour le reste du monde. Dans ce cadre de sécurisation totale du territoire états-unien et de libre-échange imposé au monde, de globalisation formatée au gré des intérêts états-uniens, tout pays où groupe de pays qui s’oppose peut très bien basculer, aux yeux des responsables politiques, dans l’ « axe du mal ». Ainsi, si l’Europe s’opposait à la forme actuelle de la globalisation, elle pourrait aussi être un membre de l’ « axe du mal ».

Lorsque qu’un pays se moque du droit international, et impose par la force ses intérêts au détriment des peuples, comment l’appeler ? Les Etats-Unis sont le premier Etat voyou de la planète. L’Irak n’est, malheureusement pour le peuple irakien, qu’un petit prétexte pour réaffirmer tous ces objectifs. Mais rien n’est écrit à l’avance, même si cette guerre est aujourd’hui programmée. Parce que Bush poursuit, lui aussi, de tous petits objectifs à côté des grands projets que nous venons d’évoquer : il veut, par exemple, se faire réélire. Or l’opinion publique de son pays n’est pas majoritairement favorable à une intervention militaire unilatérale (selon un sondage publié dimanche 12 janvier 2003 en Californie, les deux tiers des Etats-Uniens sont opposés à une telle intervention). Il nous appartient donc de soutenir la mobilisation publique contre la guerre, aux Etats-Unis comme dans nos pays. Il nous appartient de dénoncer, partout où nous le pouvons, la complicité et l’aveuglement que constitue un soutien aux objectifs de l’administration Bush. Il nous appartient de manifester, de rendre visible notre « Non à la guerre ».( NDLR : A commencer par ce samedi 18 janvier, en allant massivement manifester dans les rues des grandes villes de France, en réponse à l’appel de nombreuses associations et partis politiques).

Texte repris et annoté par François Weiser.
N.B. J’ai pris la liberté de substituer, chaque fois que cela était approprié, le vocable « états-unien » au vocable « américain », pourtant employé par B.Cassen. Il serait d’accord pour reconnaître que les Américains ne sont pas tous Etats-Uniens.
 

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