l'interprétation historique et ses conséquences ...

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profilsupprime19

Guest
Nous sommes les acteurs et les spectateurs de notre histoire ...Comment vivre cette dualité ? .... :wink2:
 

Olivier31

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... avec du pastis, à l'ombre sur la terrasse en attendant que madame finisse les grillades :happy:


Bah sinon ça sert à rien de reprocher certaines dérives si on est pas prêts de bouger le moindre petit doigt.
 
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profilsupprime19

Guest
Ce topic fait suite à celui sur les "vieillissants", afin d'éviter un décentrage / Merci de le faire rebondir sur le débat amorcé :wink2:
 
S

Smart57

Guest
D'abord je dirais que c'est à travers la mémoire de chacun de nous que se vit et s'écrit l'Histoire et nous avons à ce titre le devoir et l'obligation de léguer cet héritage aux générations futures. Si une civilisation oublie l'Histoire sciemment, alors et ce n'est que mon avis personnel, elle sombrera dans l'ignorance la plus totale et mourra. Car c'est tout de même à travers l'Histoire que l'on en apprend justement sur l'Homme au sens général du terme.

On pourrait citer floppées d'évènements historiques pouvant illustrer mon propos mais je reviens toujours sur le 20ème siècle, puisqu'il a été le siège de l'Horreur dans toute son apogée. Automatiquement on pense à tous les génocides barbares comme la Shoah, mais aussi les goulags de Staline ou Polpot ou encore le génocide arménien, etc... On se demande toujours comme une poignée d'hommes, aveuglés par l'ambition et le pouvoir ont pu commettre de telles atrocités.

Cela dit nous avons parlé de l'impossibilité de l'objectivité de l'Histoire. Pour cela on peut aussi se reporter au doute de Descartes qui justement affirme que nous-mêmes en qualité d'individu pouvons être trompés par nos propres illusions. Les évènements jugés historiques peuvent donc être trompeurs ou du moins leur interprétation peut sembler fallacieuse puisque nous pouvons aussi être dominés par notre propre grille de lecture du monde quelque peu faussée...

D'où l'intérêt du doute pour trouver le chemin de la Vérité...D'autant plus que nous pouvons aussi subir la manipulation selon Descartes d'un "Malin Génie", capable donc de nous égarer volontairement de la Vérité...

http://www.sosphilo.com/oeuvres_commentees/dossiers/dossier05/extrait3.html

Ca me rappelle même Galilée qui a failli se faire griller sur le bucher parce qu'il a découvert que la Terre fut ronde....Il est vrai que nos vérités historiques actuelles pourraient être remises en question suite à de nouvelles découvertes scientifiques. D'ailleurs n'était ce pas le cas avec la Préhistoire à la suite de la découverte de Toumai, ancêtre des australopithèques...
 

Smitty

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Smart57 link=topic=87104.msg991233#msg991233 date=1218131932 a dit:
On pourrait citer floppées d'évènements historiques pouvant illustrer mon propos mais je reviens toujours sur le 20ème siècle, puisqu'il a été le siège de l'Horreur dans toute son apogée. Automatiquement on pense à tous les génocides barbares comme la Shoah, mais aussi les goulags de Staline ou Polpot ou encore le génocide arménien, etc... On se demande toujours comme une poignée d'hommes, aveuglés par l'ambition et le pouvoir ont pu commettre de telles atrocités.
Smart57 link=topic=87104.msg991233#msg991233 date=1218131932 a dit:
Ca me rappelle même Galilée qui a failli se faire griller sur le bucher parce qu'il a découvert que la Terre fut ronde....

Il est clair qu'être "objectif" ce n'est pas donné à tout le monde... :closedeyes:
Galilée n'a pas failli grillé parce qu'il a découvert que la Terre est ronde, et les horreurs du 20eme siècles n'ont rien de pire que celle des autres époques.
Chaque évènement de l'Histoire doit être compris. Comment être objectif, et comment interpréter n'importe quel moment de l'Histoire, si celui ci n'est pas compris convenablement.
 
L'Histoire est une stratégie Marketing utilisée par la Nature pour vendre le produit de la Vie. Elle nous la met à l'envers en vantant les mérites d'évènements nouveaux pour des évènements vécus des milliers de fois. La stratège ne fait que de changer le conditionnement de son produit pour mieux nous berner et cela fonctionne. L'Ecclésiaste, je le rejoins.
Le temps n'est pas une droite, mais un cercle qui se réduit fatalement a un point.
Le monde est et ne devient pas.
Pas de temps, pas d'Histoire, pas d'interprétation historique, si ce n'est de pouvoir prédire ce qui va nous arriver...
 

Aristide

New Member
L'interprétation est pensée comme un "problème" depuis le philosophe Dilthey (fin XIX° s). En somme ce "problème" réside en grande partie sur le fait que l'histoire, par rapport à d'autres disciplines, a une place contestée dans les Sciences.
D'un côté on a les sciences de la nature, celles où l'objet est extérieur à la conscience et où le but est d'expliquer des évènements, et de l'autre les sciences humaines, celles où il existe une continuité entre l'objet et la conscience et où la finalité n'est plus d'expliquer un évènement mais de le comprendre.
Je vous passe toutes les évolutions et réflexions qui ont traversées les écrits d'historiens comme Marc Bloch ou Henri-Irénée Marrou, mais l'interprétation et sa dérive, la sur interprétation, occupent une place très grande dans les différents débats historiographiques.

Pour rester le plus clair possible, l'historien n'est pas aussi sujet aux dérives qu'on peut le croire. Il a des outils qui lui permettent de se protéger contre les sur interprétations (les sources et une démarche qui garde pour ligne de conduite une exégèse de ses sources, un raisonnement analogique et une prise en compte obligatoire du contexte de rédaction des sources et de l'époque étudié, mais aussi l'étude du texte dans son intégralité). L'historien est aussi capable de discerner les différents niveaux d'intentionnalité des textes qu'il utilise pour appuyer sa recherche et, si c'est le cas, d'en écarter un "faux" document (et pour cette histoire d'intentionnalité, il faut se rabattre sur ce romancier, médiéviste à la base : Umberto Eco, l'un des penseurs les plus connus lorsqu'il s'agit de se pencher sur la question de l'interprétation (en histoire ou ailleurs)).

En outre, il est alors possible, via ces démarches et outils, de mesurer l'exactitude d'une interprétation, de voir si elle est "bonne" ou si elle est "mauvaise".

Dans tous les cas, pour reprendre les mots de Bloch (dont j'suis un grand fan !), l'historien est toujours invité à s'effacer devant les faits, il ne doit pas se faire juge (et cela répond en quelque sorte à votre question d'ouverture, Marquis).
Comme j'l'avais dit sur l'autre topic avec l'exemple de la Patrie et de l'histoire française et allemande au XIX° siècle, l'historien, auparavant, faisait blâme ou éloge de qui il voulait sans trop se soucier des faits.
Bref, "on" s'en est rendu compte bien tard (compte tenu du nombre de siècles d'existence de "l"histoire" (voir Hécatée de Milet, Hérodote and co)), mais l'histoire c'est la compréhension et non pas l'érudisme ou le jugement !

D'ailleurs, à ce propos tes derniers posts, Smart, débordant d'enthousiasme sur l'histoire et ses dessous, sont quand même assez proche de ce danger qui consiste à placer l'histoire au-dessus de tout le reste, et de virer dans une certaine partialité.
Et c'est bien pour ça que je disais qu'actuellement, l'histoire n'est pas (et ne le sera sans doute jamais) parfaite et impartial. Il suffit de voir les préférences dans l'enseignement de l'histoire, les sélections du passé, les évènements sacralisés. Le simple fait d'écrire "le 20ème siècle = LE siècle de l'Horreur dans toute son apogée" est révélateur d'un jugement.

"L'histoire, dit Bloch, à condition de renoncer elle même à ses faux airs d'archange, doit nous aider à guérir ce travers [juger, blamer et faire l'éloge du passé, être partial]. Elle est une vaste expérience des variétés humaines, une longue rencontre des hommes."

[Post rédigé en même temps que le flot des idées ! C'est pas forcément très abordables et ça ne répond pas à tout le monde, ni à tout le sujet. En attente de pouvoir l'étoffer avec vos remarques !]
 

Aristide

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Bastard Free Rider link=topic=87104.msg991350#msg991350 date=1218143519 a dit:
Le temps n'est pas une droite, mais un cercle qui se réduit fatalement a un point.

Han ! Le chinois !! Le chevalier spiral !!
 

Hermodore

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Bonjour,

L'objectivité au sens épistémique n'est pas synonyme de vérité absolue. Elle est davantage un indice de confiance ou de qualité des connaissances et des représentations. Comme en économie ou en sociologie, il existe des courants de pensée de l'histoire. Le choix d'une source plutôt qu'une autre, ou encore l'anachronisme du sentiment avec le fait réel déterminent la géométrie de l'interprétation que l'on cherche à susciter auprès du grand public.
Où se situe la vérité historique ? Dans les livres d'histoires Turques ou dans ceux qui traitent du génocide Arménien ? Dans les livres d'ethnologie roumains où le darwinisme vient de passer à la trappe ?

Quoi qu'il en advienne, il y aura toujours des révisionnistes de l'histoire puisque nous ne pouvons pas être sure à 100% des évènements du passé. Robert Boulin s'est-il suicidé ?
Les trous noirs de l'histoire servent à nourrir les théories du complot et certaines propagandes. L'homme a-t'il vraiment marché sur la Lune en 1969 ? Certains voient le Mossad, la CIA et les francs-maçons partout (Pauwels, Faurisson et l'inénarrable Meyssan...). En ce moment le sujet en vogue concerne l'effondrement des tours du WTC et tout le monde y va de son calcul d'apothicaire pour tenter de démontrer que sa thèse est la plus viable. Lorsqu'un fait marquant rempli d'incertitudes rencontre le chemin d'une organisation secrète, un charlatan de la pensée peut très vite écrire un livre et se targuer de détenir la vérité face aux complots mondialistes. Seulement, lorsque ce charlatan pointe le doigt sur un fait gênant mettant en cause le système, l'accusation de paranoïa est la meilleure arme pour décrédibiliser le présumé charlatan. Voilà pourquoi il est vraiment délicat de se prononcer sur des sujets aussi délicats demandant des contre-expertises. Quid de la véracité des contre-expertises ...

En fin de compte quelque soit le bord politique dans lequel on se trouve, l'histoire sert de propagande politique (on se rappellera de la manigance du protocole des sages de sion introduit par les services secret russe pour nourrir l'antisémitisme dans la région. On peut annihiler certains aspects de l'histoire dérangeants et au contraire mettre en avant d'autres points. Le corps législatif protège certains volets de l'histoire (En France les lois Gayssot et Taubira), mais ce qui est censé être une vérité absolue pour nous l'est-elle vraiment ?

J'espère ne pas avoir dérivé ce sujet assez intéressant.

Cordialement.
 
P

profilsupprime19

Guest
je trouve vos interventions très judicieuses et porteuses : elles démontrent également à quel point l'"Histoire" est un sujet délicat, une approche dont l'utilisation doit être mesurée en permanence , afin d'éviter tout didactisme ....
Les manipulations ou élucubrations foireuses dont vous faites état en sont la sinistre démonstration - nous avançons dans des ornières fragiles, mouvantes, et qui peuvent ressembler à des sables mouvants lorsque nous essayons de juger au lieu d'observer avec suffisamment de recul et d'objectivité ...