ZIDANE : « J'AI HÂTE »
Par Cédric ROUQUETTE, à Santo Tirso
Le meneur des Bleus s'attend à une entrée en matière difficile contre l'Angleterre, dont il craint le milieu de terrain et la combativité. Il s'attend à un petit score, espère la protection des arbitres, et sait que Beckham sera sur sa route. L'hypothèse d'un match nul le séduit presque autant qu'une victoire.
« Zinedine Zidane, comment imaginez-vous ce premier match face à l'Angleterre ?
Je l'imagine difficile car on va jouer contre une grande équipe, qui a su faire beaucoup de bons résultats et qui compte de bonnes individualités. Ce sera serré et je ne vois pas un gros score. Ça va se jouer sur des détails. Il sera aussi important de se dire qu'un nul peut être positif. Tout dépend de la façon dont se passera le match. Personnellement, ça fait un moment que j'ai hâte que l'Euro commence. Mais bon, il nous fallait bien ces deux semaines de préparation. Nous sommes tous prêts.
Craignez-vous d'être la cible d'une défense très rugueuse ?
Je ne crains pas particulièrement ce type de traitement de la part des Anglais. J'ai un rôle de meneur de jeu, c'est logique que je sois plus exposé. Ça fait partie du jeu. Il y a un moment que c'est comme ça. Le rôle des arbitres sera le même que d'habitude : protéger les joueurs au maximum. Avec les consignes, il y aura peut-être un peu plus de sévérité de leur part et c'est plutôt bien.
En Angleterre, on craint beaucoup le meilleur joueur du monde ?
Je ne me considère pas comme le meilleur joueur du monde, ça c'est sûr. Je ressens juste une envie de bien faire avec l'équipe de France. Je mesure ma chance d'être dans cette équipe et d'avoir un tournoi comme l'Euro à disputer. Je ne veux rater aucun moment. Par contre, ils ont raison d'avoir peur de l'équipe de France.
Ce match, qui est aussi le plus difficile de la poule, préférez-vous avoir à le disputer en premier, ou aurait-il été souhaitable de débuter contre la Croatie ou la Suisse ?
C'est bien de commencer par un grand match. Nous pouvons lui consacrer toute la dernière semaine de préparation. Il y aura quatre jours avant le deuxième match, France - Croatie. Je ne dis pas que ce délais aurait été insuffisant avant de jouer l'Angleterre, mais c'est mieux d'avoir plus de temps. Pour obtenir un bon résultat, il faudra être à 100%. Ce match va aussi forcément conditionner le reste du parcours. Pour la confiance, pour tout, il faudra ne pas perdre, quitte à faire match nul.
Vous sentez que le groupe aurait des difficultés à se remettre d'une défaite ?
Non, il en est capable. Je le sens capable de tout, ce groupe. Mais ce n'est jamais très bon de perdre le premier match. Même si nous aurons deux matches derrière pour nous qualifier.
France-Ukraine (1-0) a-t-il été utile en vue de France - Angleterre ?
C'était un bon match dans l'ensemble. Les Ukrainiens nous ont posés pas mal de problèmes. Le rythme, on l'avait. On a manqué de vivacité sur certains gestes, mais c'est précisément ça qu'on travaille cette semaine. J'ai marqué. Ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps avec les Bleus. C'est toujours spécial.
Quels souvenirs conservez-vous de vos précédents matches face à des équipes anglaises, en club comme en sélection ?
Ça m'évoque surtout les rencontres contre Manchester United avec la Juventus. Le quart de finale de Ligue des champions en 2002-2003 aussi, avec le Real. Et il y a la victoire de Wembley. Ça n'avait pas été facile de les battre (2-0). Je n'ai pas forcément que des bons souvenirs non plus. (NDLR, Zidane avait fat l'objet d'un traitement très agressif lors du France - Angleterre de septembre 2000 au Stade de France, match amical qui s'était soldé par un nul 1-1).
Ce France - Angleterre, c'est aussi le premier Zidane - Beckham depuis que vous êtes coéquipiers.
C'est un match, oui, mais c'est avant tout France - Angleterre. Il y aura beaucoup de duels spectaculaires entre coéquipiers. Avec Beckham, on devrait se croiser sur quelques duels. J'aurai certainement à faire à lui dans le jeu (NDLR, en sélection, la star anglaise devrait retrouver son poste de milieu droit, et Zidane occupe celui de milieu gauche en bleu). De toute façon, l'Angleterre a un formidable milieu, où il y a beaucoup de joueurs expérimentés et combatifs. Il y en a un que je connais particulièrement bien (sourire). Il travaille énormément et court beaucoup. Beckham a fait une très bonne saison.
Que vous êtes-vous dit en vous séparant à Madrid ?
Pas grand chose justement. On s'est salué en sachant qu'on allait se retrouver sous peu.
Beckham est l'un des rares Anglais à avoir exporté son talent à l'étranger.
Je n'ai pas grand chose à dire là-dessus. Les Anglais sont simplement des joueurs qui se sentent bien dans leur championnat. Avant lui, ils étaient tous en Premier League. Son départ n'est peut-être qu'un début (NDLR, le milieu Owen Hargreaves a rejoint le Bayern Munich avant le transfert de Beckham au Real Madrid).
Votre fin de saison avec le Real Madrid a été très difficile à tous points de vue, notamment physique. Où en êtes-vous ?
Je me sens mieux depuis deux ou trois semaines. Cette fin de saison, on ne va pas dire qu'elle est oubliée. Ce n'est pas possible à évacuer aussi facilement, exactement comme une bonne victoire. Vous êtes obligé de la mettre de côté mais vous y pensez tout le temps.»