Katyn, un film particulièrement émouvant dont voici la critique et le récit (source le Point) :
Andrzej Wajda avait 14 ans en 1940, quand son père, officier de l’armée polonaise, fut éliminé par le NKVD soviétique près de la forêt de Katyn. L’histoire a retenu ce lieu comme un des sommets de l’ignominie stalinienne, qui régla son compte à 25 000 officiers et résistants polonais avant de mettre cette tuerie sur le dos des nazis, avec la complicité tacite des Occidentaux.
Toute sa vie, Wajda a pensé à Katyn. Mais, jusqu’en 1989, impossible, en Pologne, d’évoquer publiquement ce sujet. Katyn, on en parlait en catimini, dans les familles concernées, comme celle de Wajda, dont la mère, jusqu’à sa mort, a attendu avec espoir le retour de son mari. « La première chose exigée par Solidarnosc en 1980, c’est la vérité sur Katyn », explique l’historienne Alexandra Viatteau. En 1990, Gorbatchev admet enfin la responsabilité soviétique et présente ses excuses au peuple polonais. En 1992, Eltsine reconnaît que les ordres ont été signés par Staline et le politburo. Mais la Russie garde encore des documents datant de 1939 qui établissent une collaboration entre les nazis et les Soviétiques en vue du nettoyage ethnique de la Pologne. Aujourd’hui encore, on ouvre des charniers près de Smolensk et une plainte a été déposée par la Pologne auprès de la Cour européenne des droits de l’homme pour requalifier le crime de guerre de Katyn en crime contre l’humanité.
Le sujet est donc très sensible pour la Russie de Poutine, et Wajda aura dû attendre 2008 et le triomphe en Pologne de son précédent opus, « Pan Tadeusz », pour avoir les moyens, à 80 ans passés, de faire le film-testament qu’il souhaitait. Il a eu l’intelligence d’aborder le sujet par les femmes. Des soeurs, des veuves, des mères qui virent partir, mais jamais revenir, tous ces officiers. Ce prisme de l’émotion lui permet d’échapper à un cinéma qui a souvent eu les pieds de plomb. Porté par la bouleversante musique de son ami le grand Krzysztof Penderecki-le compositeur de « Shining », apprenant que c’était pour Katyn, l’a autorisé à puiser dans son oeuvre-, ce requiem polonais s’achemine vers sa coda tragique : les exécutions. Fallait-il montrer ? Wajda a choisi de les filmer en silence : « J’ai eu l’idée en voyant "Vol 93", sur les avions détournés le 11 septembre 2001. A la fin, il ne reste plus que le silence. Cela marque les mémoires. » En effet : ce dernier quart d’heure est un moment stupéfiant. En Pologne, où le film a été vu par 3 millions de personnes, aucun débat n’a été possible : les gens sortaient en pleurant, dans un silence de mort
A lire : « Katyn », d’Alexandra Viatteau (André Versailles).
Séances :
http://www.allocine.fr/seance/filmcp_gen_cprojection=137054&codepostal=54000.html