CORRIGE FRANCAIS
I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET ET PISTES de REPONSE:
La première question était la plus complexe et demandait une analyse serrée du texte:
PREMIERE QUESTION (4 points)
Sujet
Contraintes
Par quels procédés d'écriture...
● Ce terme générique qui comprend toutes sortes de choses dont la structure des phrases et le lexique précisés ci-dessous.
...le narrateur traduit-il l'abondance et la variété de la nourriture ?
● On doit porter l'attention sur la quantité (abondance) et la qualité (variété). cette phrase délimite dans le texte l'étude des procédés d'écriture.
Vous vous intéresserez en particulier à l'organisation du texte...
● Structure générale du texte, partie par partie.
à la structure des phrases...
● La manière dont les phrases sont construites et s'enchaînent.
et au lexique.
● Les champs lexicaux, les types de mots, les expansions des groupes nominaux, etc.
1) En introduction, on reprendra le thème sur lequel porte l'objet d'étude de cette manière et dans l'ordre les questions à traiter:
L'extrait du roman de Laurent Gaudé qui décrit le repas de cette famille de pêcheurs au bord de la mer est marqué par l'abondance et la variété des mets. Pour le décrire l'auteur:
● structure son texte de manière chronologique en passant en revue les différents moments de ce repas italien (hors-d'oeuvre, premiers plats, seconds plats),
● énumère les plats,
● décrit avec précision.
2) Le développement abordera point par point ces différentes parties :
● Organisation du texte :
Dès le début du deuxième paragraphe, le repas est annoncé comme exceptionnel.
Les entrées
La suite du paragraphe décrit les antipasti (entrées) : "une dizaine de mets". L'auteur n'en évoque qu'une partie et interrompt l'énumération pour décrire la manière dont on se sert.
Les premiers plats
le troisième paragraphe commence par une phrase de transition : "lorsque les assiettes furent vides" avant de faire entrer Raffaele en scène avec "deux énormes" plats rapidement annoncés. Il s'agit de riz et de pâtes. Après une phrase qui exprime l'enthousiasme des convives, le narrateur passe au vin, dont il précise le nombre, "cinq bouteilles". Il s'attarde durant le quatrième paragraphe sur les conversations et l'atmosphère du repas."
Les seconds plats
Le cinquième paragraphe est consacré aux poissons et fruits de mer. Une fois encore, l'auteur précise leur nombre "cinq énormes plats". Une nouvelle énumération donne le contenu de chacun d'eux, avant de laisser place à un développement général sur la manière dont "on mange dans le sud avec une sorte de frénésie et d'avidité goinfre."
Le sixième paragraphe clôt cette partie du repas d'abord sur l'impossibilité de finir les poissons ("on ne parvint pas à venir à bout des calamars frits"
, puis sur la satisfaction de Raffaele de voir ses invités repus, avant de passer au café.
On conclura ce premier aspect en disant que, comme les points de suspension l'indiquent, le repas n'est pas tout à fait terminé puisqu'il reste à décrire les desserts.
● Structure du texte :
Le texte est structuré par un certain nombre de phrases au passé simple:
"ce jour restera gravé dans la mémoire des Scorta. Ce fut la première fois qu'ils mangèrent ainsi." ; "Raffaele et Giuseppina apportèrent sur la table une dizaine de mets" ; "Lorsque les assiettes furent vide, Raffaele apporta sur la table deux énormes saladiers fumants." etc. qui ponctuent les différentes étapes du repas.
Ces annonces sont suivies d"énumérations (moules, anchois marinés, poulpes, salade de tomate, aubergine, anchois frits) et de descriptions introduites par un verbe à l'imparfait : "Il y avait des moules..." On trouve ensuite des phrases nominales : "Des anchois marinés... Des pointes de poulpes. Une salade... Quelques fines tranches d'aubergines grillées. Des anchois frits." Ces phrases n'épuisent pas l'énumération puisque l'auteur ne nomme que six entrées sur dix, avant de revenir à des imparfaits qui décrivent la manière dont on se sert.
Il vous fallait montrer ensuite que le même procédé était repris pour les premiers et les seconds plats.
● Le lexique :
Deux types d'éléments principaux concourent à donner l'idée d'abondance et de variété :
D'abord les noms des aliments :
Produits de la pêche, poissons (anchois, bars, dorades) et fruits de mer (moules, anchois, poulpes, calamars, crevettes, langoustines.) Féculents (riz, pâtes, mie de pain) et autres produits de la terre (tomate et de chicorée, aubergine), sans oublier les oeufs, le fromage qui servent de garniture, le vin et à la fin de café.
Ces noms sont suivis d'une série d'expansions qui insistent sur l'abondance et la variété :
Des moules grosses comme le pouce, farcies avec un mélange à base d'œufs, de mie de pain et de fromage. Deux énormes saladiers fumants. Cinq énormes plats, toute sorte de poissons, Un plein saladier de calamars frits, de grosses crevettes roses.
Il y avait bien d'autres éléments que l'on pouvait signaler mais que vous n'aviez pas le temps de dégager si vous vouliez traiter les questions suivantes.
DEUXIEME QUESTION (2 points)
Sujet
Contraintes
"On discutait. On riait. Chacun veillait sur son voisin, vérifiant que son assiette ne se vide jamais". (lignes 23 et 24).
● Trois phrases seules suffisent à éclairer l'idée qui imprègne tout le texte.
Quelles relations entre les convives sont mises en valeur dans ces trois phrases?
● L'attention porte sur un point : "les relations".
Par quels procédés (choix des pronoms, des verbes...)?
● Il ne s'agit pas seulement de comprendre le sens mais de s'appuyer sur l'analyse précise du discours.
Trois phrases suffisent à résumer l'atmosphère qui se dégage du texte de Laurent Bordé, marqué par la joie ("on riait"
, la communication ("on discutait"
, l'attention à l'autre ("Chacun veillait sur son voisin, vérifiant que son assiette ne se vide jamais"
. Cette atmosphère de partage et d'amour est celle d'une fête de famille.
Les pronoms impersonnels ("on" répété, "chacun"
désignent tous les convives et signifient qu'il n'y a pas d'exception, pas d'exclus de ce partage et que la famille est unie.
L'imparfait par son aspect verbal montre bien que d'un bout à l'autre de ce repas, cette atmosphère conviviale dure dans le temps. Rien ne vient interrompre ni gâcher la fête.
TROISIEME QUESTION (4 points)
Sujet
Contraintes
En vous appuyant sur les comportements,
● ce que font les personnages.
sur les sentiments et les sensations éprouvés par les personnages,
● ce qu'expriment les personnages.
dites quelle signification particulière prend ce repas.
● la signification de ce festin.
Il ne s'agissait pas de tout relever comme je l'ai fait mais de signaler les idées principales en s'appuyant sur quelques exemples :
● Ce que font les personnages : Le texte est rythmé par les actions de Raffaele et de sa femme qui servent tandis que les autres mangent, parlent, rient (voir les passages en bleu),
● Ce qu'expriment les personnages : Il est aussi rythmé par les marques d'étonnement, de bonheur, de satisfaction, de joie d'être ensemble (voir les passages en rouge).
Ils étaient une quinzaine à table et ils se regardèrent un temps, surpris de constater à quel point le clan avait grandi. Raffaele rayonnait de bonheur et de gourmandise.... Il s'agitait d'un coin à un autre, du four à la cuisine, des filets de pêche à la table, sans relâche, pour que chacun soit servi et ne manque de rien.... Comme antipasti, Raffaele et Giuseppina apportèrent sur la table une dizaine de mets... On se passait les plats d'un bout à l'autre de la table. Chacun piochait avec le bonheur de n'avoir pas à choisir et de pouvoir manger de tout. Lorsque les assiettes furent vides, Raffaele apporta sur la table deux énormes saladiers fumants... Les plats furent accueillis avec un hourra général qui fit rougir la cuisinière.... Les conversations naissaient dans le brouhaha des couverts... Giuseppina racontait comment elle avait fait les pâtes et le risotto. Comme si c'était encore un plaisir plus grand de parler de nourriture lorsque l'on mange. On discutait. On riait... Ils sentaient leur ventre plein. Ils étaient bien. Mais Raffaele n'avait pas dit son dernier mot. Il apporta en table... Les femmes, à la vue des plats, jurèrent qu'elles n'y toucheraient pas. Que c'était trop. Qu'elles allaient mourir. Mais il fallait faire honneur à Raffaele et Giuseppina. Et pas seulement à eux. À la vie également... Et cela plongea Raffaele dans un sentiment d'aise vertigineux.... Raffaele se tourna vers son frère Giuseppe et lui demanda en lui tapotant le ventre : "Pancia piena ?" Et tout le monde rit... de toute cette joyeuse mastication. Alors Raffaele apporta en table des cafés pour les hommes...
● La signification que revêt ce festin est celle d'un moment privilégié de joie et de communion familiale, un de ces moments qui marquent la vie de chacun des membres d'une famille. Cette union exceptionnelle autour d'un repas exceptionnel marque le triomphe de cette famille pauvre sur la misère.