Déjà donc pour commencer un article sur la souffrance au travail :
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2393159&rubId=788
Dans un premier temps je voudrais souligner que les suicides de France Télécom ne sont "que" la face émergée de l'iceberg, et en l'occurrence la partie extrême d'un phénomène qui prend cependant une ampleur considérable dans tous les pays de l'OCDE : la souffrance au travail.
Le BIT (bureau international du travail) estime à 4% du PIB, le coût de la souffrance au travail en moyenne et elle concerne 41 % de salariés qui dénoncent majoritairement une dégradation considérable de leurs conditions de travail.
Ensuite, pour démonter de suite au préalable préjugés et à prioris, les personnes victimes de la souffrance au travail sont généralement des personnes très investies dans leur travail, très impliquées et même trop acharnées. D'ailleurs en dehors des suicides qui ne sont encore une fois que des cas extrêmes, on dénonce surtout les dépressions, les phénomènes de burn out (j'ai subi cette maladie et mis 2 ans à m'en remettre) ou d'épuisement professionnel complet, les troubles musculo-squelettiques, les phénomènes de harcèlement moral, sexuel ou les mises au placard, etc.... En France on dénombre 400 suicides par an sur le lieu de travail.
Dans un monde professionnel où performance à tout prix, rentabilité et productivité sont les maîtres mots, où le long terme est supplanté par l'immédiateté, le tout tout de suite, le TTU (très très urgent), le très court terme empêchant justement les salariés de se projeter dans leur entreprise ou même dans leur carrière, où les personnes hyperactives sont fortement valorisées contrairement aux autres qualifiées parfois de tirs-au-flanc, où les salariés sont considérés comme une valeur marchande et des pions sur un échiquier, où la construction de cette carrière repose non plus sur un projet collectif mais individualiste et notamment sur la responsabilité pleine et entière du salarié, où celui-ci peut même être victime d'évaluations complètement insensées et illicites qui ne reposent plus sur la compétence seule mais sur d'autres facteurs.... moins avouables, où en plus les salariés sont placés en concurrence avec le monde entier et pas uniquement leur voisin et soumis à des restructurations sans fin entrainant une insécurité professionnelle grandissante, la souffrance au travail effectivement n'épargne plus personne et chacun d'entre nous peut un jour souffrir à cause de son emploi.
Aujourd'hui il faut le savoir 83 % des personnes en activité professionnelle en France souhaitent se reconvertir selon une enquête de l'AFPA. Evidemment cela ne veut pas dire que tout le monde se reconvertira mais c'est tout de même assez parlant et significatif sur le mal être au travail, sans vouloir prétendre que l'ensemble des personnes interrogées sont concernées forcément par la souffrance au travail.
Sortir de la souffrance au travail, c'est possible, du moins quand elle est prise en charge à temps car des solutions existent. Déjà ce que je recommande fortement c'est de consulter une médecin, de ne pas culpabiliser et se dévaloriser (ce n'est pas une honte d'être malade) et de suivre une thérapie lorsque c'est vraiment nécessaire car dans pas mal de cas il est quasi impossible de prendre du recul seul et de s'en sortir seul.
Evidemment il faut modifier son rapport au travail, revoir ses priorités, quelles sont nos vraies valeurs, retrouver des activités de loisirs et de détente et j'insiste sur ce mot pour évacuer via des sas de décompression, apprendre à dire non, déléguer si besoin, et surtout se poser des limites à soi et aux autres, voire changer d'environnement, de métier et/ou de vie. Bien entendu, des modifications si radicales ne peuvent que se réaliser avec l'appui de professionnels compétents spécialisés dans la prise en charge de la reconversion.
En outre, en dépit des valeurs affirmées par les Français, même si la famille reste la première au premier plan, se dire que le travail dans l'esprit des actifs passent au second plan est une idée totalement reçue et un cliché que je qualifierais de mauvais goût. Au contraire, le travail reste une valeur essentielle et d'identification pour beaucoup d'actifs (demandeurs d'emploi compris).
Par ailleurs on peut effectivement aussi trouver des solutions pour remédier aux facteurs exogènes, mis en cause et en exergue dans la souffrance au travail : modifier les méthodes de management, encourager la flexisécurité comme dans les pays nordiques, arrêter de penser que plus les salariés seront pressurés et stressés, plus ils seront productifs, c'est même plutôt le contraire ! Un employé bien dans ses baskets, motivé avec des conditions de travail décentes, produira un meilleur rendement et surtout désire avant tout rester dans son entreprise et donner le meilleur de lui-même. Le fait est qu'en stressant davantage les salariés on assiste à un turn over considérable, à l'augmentation de pathologies liées au stress et surtout à la perte d'éléments excellents vers la concurrence avec un immense gâchis à la clé !!!
Cela dit ces solutions passent aussi par un changement radical des mentalités, et par un investissement massif et financier dans l'amélioration des conditions de travail, par une prise de conscience que le collectif doit prévaloir sur l'individualisme et par la volonté majoritaire de vouloir travailler dans un environnement plus humain où la parole est aussi rendue aux salariés et non plus aux seuls actionnaires par exemple.
Sinon pour ceux qui ne connaissent pas le burn out un dossier complet ci-dessous avec conseils pour l'éviter :
http://www.linternaute.com/sante/addictions-psychiatrie/dossier/ce-qu-il-faut-savoir-pour-eviter-le-burn-out/ce-qu-il-faut-savoir-pour-eviter-le-burn-out.shtml