Trois filles piétinent sous la pluie tiède de septembre. Voici Nina, Inès et la narratrice, Marie. Nous sommes au Havre, « ville de béton dressée en bout d’estuaire », en 1978. En un temps où s’arrêtent heureusement parfois des R16 pistache conduites par des garçons avec cheveux longs, caban noir et jean délavé. De l’autoradio s’échappent les chansons de Parallel Lines, troisième album de Blondie porté par le tube Heart of Glass. Un choc pour les trois amies, sans cesse amarrées les unes aux autres, traînaillant toujours ensemble lorsqu’elles ne vont pas au lycée Porte Océane. Le trio succombe illico à l’icône blonde en robe blanche de la pochette, cette Debbie Harry qui fut Bunny Girl dans un bar Playboy à son arrivée à New York, servant des triples whisky, un pompon rose sur le derrière, avant d’enflammer les scènes du CBGB’s et du Max’s Kansas City… Maylis de Kerangal a le sens du rythme. D’une écriture électrique, elle conte une histoire éternelle qui parle de rock et d’adolescence, lorsque le coeur bat plus vite, que l’on se trouve en état d’alerte permanent. Les paroles sont excellentes, la musique aussi. On appelle ça un tube !