Chikununya trop tard ???
A lire extrait du journal de l'île de la Réunion
Le vaccin existe
Le virus du chikungunya, CHIK selon la terminologie scientifique en vigueur, n’est pas franchement une nouveauté. Les scientifiques se sont penchés sur les secrets de cet alphavirus qui a été isolé pour la première fois au Tanganyika en 1956. Et ce avec d’autant plus d’intérêt qu’il a été identifié dans nombre d’épidémies de par le monde, aussi bien en Afrique qu’en Asie. Selon l’IRD (Ndlr : ex-ORSTOM), le rôle du CHIK a été évoqué "dans l’émergence de la dengue hémorragique. Il induit un syndrome fébrile proche de celui de la dengue classique, mais s’en différencie par les violentes arthralgies qu’il provoque... " Pour les Réunionnais, l’éventuelle proximité entre ces deux maladies n’est pas de bon augure, car les moustiques vecteurs sont communs. Au-delà, la virulence du CHIK, son effet incapacitant, ont intéressé les militaires qui voyaient dans CHIK une potentielle arme de guerre bactériologique ! Selon l’IRD, "les militaires américains ont manifesté un particulier intérêt pour ce virus, puisqu’ils ont développé un vaccin vivant atténué (on imagine sans peine ce qu’aurait pu être l’expédition des militaires français lors de leur intervention à Kolwesi, au Zaïre, si elle s’était déroulée durant une épidémie due à Chickungunya, avec des soldats incapables de tenir une arme en raison des violentes douleurs articulaires induites par le virus) ... " On l’imagine d’autant mieux que les Réunionnais se tapent ce genre d’expérimentation en direct, in vivo, depuis presqu’un an maintenant. Et l’IRD de préciser : "Lors d’une épidémie que nous avons étudiée dans la région de Dakar en 1983, il suffisait de visiter les écoles pour suivre la trace du virus dans les villages atteints. Le taux d’absentéisme atteignait 20 à 50 %. La difficulté dans l’étude de ce type d’épidémie réside dans les infections contractées par l’équipe médicale amenée à effectuer les prélèvements, ce qui limite rapidement les possibilités d’investigation ! Les arthralgies peuvent persister plusieurs mois après que le syndrome fébrile a disparu ; cette particularité a été attribuée à la présence d’immuns complexes... "
UNE IMMUNITÉ CARACTÉRISÉE
Grâce à Roland Hoareau, conseiller régional sudiste, qui a failli suffoquer en découvrant la chose, hier, nous avons été destinataires d’une publication scientifique de la "Société américaine de médecine et d’hygiène tropicale" qui rendait compte d’une évaluation, "Phase II Safety and immunogenicity study of live chikungunya virus vaccine TSI-GSD-218". Ces travaux conduits par des équipes mixtes de l’école de médecine de l’Université du Maryland à Baltimore mais aussi de l’Institut de recherche sur les maladies infectieuses de l’US Army de Fort Detrick, ont été publiés il y a six ans et se sont avérés concluants en terme d’immunologie. La vaccine, TSI-GSD-218, issue d’une souche vivante et composite du virus du CHIK provenant notamment de tissus humains pulmonaires prélevés lors de l’épidémie thaïlandaise de 1962, a donné des résultats satisfaisants et s’est avérée efficace tant sur les souris et les singes cobayes en phase I, que sur les volontaires humains recrutés pour la phase II de la recherche. 73 adultes, dont 47 hommes et 26 femmes, agés de 18 à 40 ans, ne présentant aucun trouble significatif dans leur histoire médicale, ni de signe de grossesse pour les femmes, ont été soumis les uns au vaccin, les autres à un placebo (Ndlr : classique technique du double-aveugle). 59 d’entre eux ont été immunisés une fois par voie sous-cutanée avec le vaccin du CHIK, les autres étant traités épidermiquement à partir d’un extrait liquide de la culture. Après une évaluation intensive d’un mois et des prises de sang répétées sur une année, il est apparu qu’ à l’exception de cas d’arthrite affligeant cinq des vaccinés, le nombre et la sévérité des réactions enregistrées localement ainsi que les tests de laboratoire révélant des anomalies après la vaccination, s’avéraient identiques chez les patients vaccinés comme chez ceux qui avaient reçu un placebo. Moralité, la vaccine n’est pas toxique. Etait-elle pour autant active ? 98% des vaccinés ont développé des anticorps contre le CHIK le 28e jour et 85% d’entre eux sont restés séropositifs pendant un an après la vaccination.
CES TRAVAUX INTÉRESSENT LES MILITAIRES
Résultat, les auteurs de l’étude parlent d’une souche de vaccin vivant prometteuse, produisant des effets secondaires (Ndlr : 5% de douleurs arthritiques) bien tolérés et attestant d’une immunité caractérisée. Les auteurs de l’étude notent que la réponse immunitaire demeurait un an après la vaccination chez 85% des sujets observés. À cette époque, on ne connaissait pas de cas de transmission materno-f½tale, mais les chercheurs précisaient qu’aucun essai n’avait été pratiqué sur des animaux susceptibles de montrer l’impact de la vaccine sur un f½tus. En revanche, les scientifiques ont voulu savoir si la souche atténuée du virus risquait une réversion problématique en cas de piqûres par un insecte du genre à notre moustigre. La vaccine serait problématique si les porteurs sains immunisés demeuraient des réservoirs pathogènes... Des tests, réalisés à partir d’injection intrathoraciques, sur des moustiques-vecteurs, ont été effectués sans que des réversions de la vaccine ne soient constatées sur les sujets piqués et supposément réinfectés. On comprend que ces travaux intéressent les militaires. On comprendrait aussi qu’ils intéressent le civil... surtout par les temps qui courent.
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